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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 20:49

La Fédération Française de Rugby, par le biais de son président Pierre Camou et de sa figure emblématique Serge Blanco, en charge de ce projet, a annoncé le samedi 30 juin dernier le site choisi pour la construction de son futur Grand Stade de rugby. Ce sera bien dans le département de l’Essonne (91) à Ris-Orangis, au sein de la communauté d’agglomération Evry-Centre-Essonne, sur le site de l’ancien hippodrome, contre toute attente, puisque l’autre candidat était grandissime favoris.

 

En effet, Thiais-Orly (Val-de-Marne) possédait de nombreux atouts dans sa manche : le fait d’être situé à moins d’un kilomètre de l’aéroport du même nom, et tout aussi près de la future gare TGV faisant à terme du deuxième aéroport parisien un centre inter-modal au même titre que Roissy-CDG. Cette zone était déjà dotée de centre commerciaux et autres centres d’affaires, et des milliers de mètres-carrés de bureaux, le tout à seulement 13 petits kilomètres de Paris. A cela s’ajoutait l’autoroute A6, et l’extension prévue de la ligne 7 du métro parisien jusque là.

Bref, Evry n’avait aucune chance : deux fois plus loin de Paris, un hippodrome désaffecté en bordure de forêt… Tout comme London pour l’acquisition des JO 2012 face à Paris, le tout n’est pas d’avoir le meilleur dossier, mais bien d’être choisi ! De la même façon, il faut croire que Manuel Valls et son équipe ont su trouver les mots pour convaincre les grands pontes de le FFR de venir s’installer chez eux. Ce site offre tout de même une belle accessibilité : carrefour de l’A6 et de la Francilienne, desservi par deux lignes de RER et proches de plusieurs gares TGV (Massy, Orly).

 

Grand-Stade.png

 

Pour en finir avec la localisation, il était évident que ce stade serait situé dans le sud parisien, et ce pour deux raisons majeures : pour s’éloigner de la concurrence du Stade de France d’une part, et pour rester tout proche du Centre National du Rugby – le Clairefontaine du rugby français – situé à Linas-Marcoussis, dans l’Essonne ! 

 

Quelles motivations ?

Depuis son inauguration en 1998, c’est donc bien le Stade de France qui fait office d’enceinte numéro un du rugby français : le XV de France y joue ses matchs du Tournoi des VI Nations à domicile, ainsi que la majorité de ses matchs de tournées d’automne. Y ont aussi lieu la finale du TOP 14, et plusieurs délocalisations annuelles de match de saison régulières par les clubs franciliens : le Stade Français qui a bien-sûr lancé cette mode en novembre 2005 – et le Racing Métro depuis son retour dans l’élite en 2009. A cela s’ajoute une finale de la H-Cup (2010) et la Coupe du Monde 2007.

Mais si l’on revient aux matchs du XV de France, la FFR dénonce des prix exorbitants de location, et des conditions très restrictives concernant la gestion des loges, des sponsors… Et oui, le Stade de France est la propriété d’un consortium privé d’investisseurs, dont le principal leitmotiv est bien-entendu les recettes ! En tout, la FFR estime le manque à gagner par rapport à l’utilisation d’un stade de taille équivalente lui appartenant à 160 M€ !

Deuxième grand argument : garantir l’indépendance de calendrier des instances de rugby professionnel (FFR et Ligue), comme le prouve la polémique sur la finale du TOP 14 2013, placée le même soir que la finale de la Coupe de France de football.

De quoi motiver depuis plusieurs années déjà la construction d’un stade dont elle serait propriétaire, et dont elle pourrait jouir de l’intégralité des recettes lors des matchs de rugby. Et nos voisins ont quant à eux déjà franchi le pas : la RFU anglaise est propriétaire de Twickenham. L’année 2010 a donc été l’objet d’une pré-étude économique de viabilité d’un tel projet : l’investissement est estimé à 600 M€, et l’équilibre serait atteint avec seize à dix-sept évènements par ans. La FFR organisera(it) deux à trois matchs du Tournoi, trois matchs de tournée, et une finale du TOP 14. Il faudrait donc trouver une dizaines d’évènements supplémentaires par an : concerts, mais aussi d’autres évènements sportifs… A voir. Par contre, il n'est aps plus prévu que pour le SdF qu'un club pose ses valises au quotidien et y elise domicile. D'autant plus que les deux principaux clubs franciliens sont en train de se faire construire aux-aussi des enceintes flambant neuves : les Parisiens du Stade Français avec la rénovation du stade Jean Bouin (en face du Parc des Princes) et le Racing-Métro avec l'érection de l'Arena 92 à deux pas de la Défense. Mais à Londres ça fonctionne très bien ainsi : chaque grand club de foot ou de rugby de la capitale britannique possède son stade, et les deux grands sports ont en plus chacun leur arène nationale, respectivement Wembley et Twickenham, sans compter le Stade Olympique créé récemment pour l'évènement que l'on sait.

 

Quel stade ?

La FFR ne se contente pas d’avoir des demi-ambitions : elle veut se doter d’une enceinte des plus modernes, des plus pratiques, et capable de se moduler pour accueillir les autres sports ou types d’évènements nécessaires à son équilibre budgétaire : toit et pelouse amovibles ; des loges et espaces VIP à la hauteur – en quantité et en qualité – du chiffre d’affaire que la FFR ambitionne par ce biais ; quatre écrans géants ; un véritable lieu de vie pour l’avant-match et l’après-match, de quoi faire dépenser au supporter lambda le reste de son pognon… Le tout arrosé de 82.000 places assises. Pour nourrir cette réflexion, notre équipe de maitres d’ouvrage a visité en 2010 plusieurs stades multifonctionnels, en Europe et aux USA. En espérant que le système antigel soit plus performant qu'au Stade de France !... Suivez mon regard !

La communauté d’agglomération Evry-Centre-Essonne a elle aussi axé son projet autour de la pluralité du site : elle envisage la construction d’un pôle multi-sportif – indoor et outdoor – et de loisirs et divertissements.

 

Reste une question épineuse : le financement. L’état a affiché la couleur depuis le début : il soutiendra le projet dans le sens où il n’y opposera aucun frein, et où il facilitera son avancement. Mais en aucun cas il ne mettra un euro. Alors il reste 600 M€ à trouver pour la FFR. Celle-ci n’a donc jamais caché qu’elle n’excluait pas d’en venir au naming, cette mode qui consiste à donner au stade le nom du sponsor principal. Et les exemples sont légions dans les pays anglo-saxons, le foot et le rugby anglais, australien, sud-africains, les sports américains : Emirates stadium, Pepsi center, Reebok stadium, … et même en France avec la nouvelle MMArena du Mans.

Alors, prêts à aller supporter le XV de France au GMF Stadium, ou pire, à la SoGé-Arena ?

 

Le calendrier

Après ces visites et les prés-études économiques et de faisabilité en 2010, l’année 2011 a permis de sélectionner les deux candidats finaux, de monter le financement et de lancer les appels  d’offres aux cabinets d’architectes.

Depuis le choix du site en juin dernier, la prochaine étape consiste à sélectionner le projet architectural. Début des travaux en 2014, et inauguration en 2017, avec le premier match du XV de France - qui sera d'ici là toujours équipé en Adidas - face aux All Blacks

 

Pour plus d'information, n'hésitez pas à consulter le dossier (très clair) de la FFR, ou le site de la communauté d’agglomération Evry-Centre-Essonne.

 

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