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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 19:15

Ce week-end ont donc eu lieu au Stadium de Toulouse les deux demi-finales du TOP 14 de rugby, opposant respectivement Toulouse à Castres et Clermont à Toulon. On a assisté à deux matchs âpres, durs, dont l’intensité du combat et la rudesse des défenses n’ont pas laissé la place aux essais. Et au finale, ce sont les équipes qui ont le mieux géré leur match, leurs temps forts et temps faibles, et commis le moins d’erreurs tactiques, qui l’ont emporté et se retrouveront à St-Denis samedi soir : Le Stade toulousain, et le RC Toulon.

 

Mais avant de revenir sur ces deux affiches, leurs résultats et dénouements, je voudrais revenir sur l’organisation par la Ligue Nationale de Rugby (LNR) des deux demi-finales sur le même terrain – et qui plus est à Toulouse, l’un des protagonistes – car si j’en crois les requêtes Google qui mènent jusqu’à ce blog, nombreux sont les gens à se poser la question. Alors un peu d’histoire. Durant son ère amateur, le championnat de France de rugby se terminait par des phases finales bien plus fournies qu’aujourd’hui, dès les 8 ou les 16 de finales. Et chaque dimanche soir, dès que les affiches du week-end suivant étaient connues, les stades étaient choisi de la manière la plus équitable qui soit, et annoncés, sauf la finale qui se jouait au Parc des Princes. C’est comme ça que Grenoble jouait très souvent à Nimes ou à Béziers contre des équipes du Sud-Ouest.

Depuis que le TOP 16 puis 14 se prolonge par des demi-finales, les deux stades où celles-ci seront jouées sont annoncés très tôt dans la saison, plusieurs mois avant, et sont choisis parmis les grandes enceintes hexagonales : Gerland à Lyon, le Stadium de Toulouse, le Vélodrome, la Mosson à Montpellier, le Parc Lescure à Bordeaux (devenu Stade Chaban-Delmas), voire Geoffroy-Guichard à St-Etienne ou la Beaujoire à Nantes…

Or, l’an dernier, la LNR a tenté un coup de poker : organiser les deux demi-finales sur le même stade, au Vélodrome, créant un week-end rugbystique de fête dans la cité phocéenne, avec des animations comme le Village du Rugby sur la plage du Prado (matchs de beach rugby…). Devant le succès de l’opération, la LNR a très vite décidé de renouveler l’opération, et plusieurs stades ont été citées : Nantes, Lille, Toulouse, Bordeaux, et même le Parc de Princes à Paris. Mais la finale se jouant déjà au Stade de  France, il a été décidé de faire jouer les demi-finales là où bat le plus fort le cœur du rugby français : dans la moitié sud. Et c’est finalement le Stadium de Toulouse qui a été désigné.

 

Mais revenons à nos deux parties

Dans les deux cas, comme le signal très justement le Midi Olympique de ce lundi, c’est l’équipe qui a su mener au score et laisser courir son adversaire qui l’a emporté au final.

TOP-14.png

 

Toulouse-Castres : l’échec tarnais

Et oui, ce Toulouse-Castres, derby s’il en est, se joue au final plus sur les points laissés en route par les Castrais que sur une réelle domination des Toulousains, même si ceux-ci font un match remarquable de courage et d’envie.

La Dream Team de Canal+ a assez insisté sur ce point avant, pendant et après le match pour qu’on y échappe : les buteurs castrais ont raté leur match. En effet, l’équipe du Tarn se présentait samedi soir avec le meilleur taux de réussite de la saison dans les tirs aux buts en TOP 14, avec 85% de tentatives réussies. Or, ses artilleurs ont tourné à 50% samedi soir. La faute à l’un ou l’autre ? La faute aux deux buteurs, puisque chacun fait 50% sur ses tirs. La faute à pas de chance, ensuite, car ce facteur joue toujours un peu dans cet exercice, et car le vent a tourné pour se retrouver face aux Castrais lors des deux mi-temps. Mais aussi à une prise d’initiative peu opportune. En effet, le titulaire de l’exercice est l’éternel arrière Romain Robocop Teulet, sauf pour les tentatives lointaines qui sont prises par le jeunot Pierre Barnard. Celui-ci a tenté la première pénalité pour Castres, lointaine, et l’a réussie. Il a donc insisté auprès de son glorieux ainé pour tenter les suivantes, qui étaient pourtant dans le scope de Romain Teulet. Or, le jour d’une demi-finale, est-ce le moment pour changer un rituel de ce type ? Assurément, non. Avec 4/8, se sont 12 points qui s’envolent, trop pour espérer battre une machine à phases finales comme le Stade toulousain.

Ensuite, les Castrais ont vendangé deux occasions franches d’aller à dame : dès le début du match avec Jo Tekori, et surtout juste avant la mi-temps, par l’Ecossais Max Evans. Après une percée de 60m, celui-ci se fait plaquer par Vincent Clerc sur la ligne, au moment d’aplatir. Le Toulousain arrive à retourner Max Evans, et l’empêcher de marquer cet essai qui semblait tout fait (voir photo). Alors certes il faut saluer le geste exceptionnel de Vincent Clerc, mais Max Evans n’a pas le droit de gaspiller une telle occasion lors d’un tel rendez-vous. Il doit plonger en avant pour s’assurer d’aplatir ce ballon en terre promise !

Sur cette action, les Toulousain prennent un deuxième carton jaune de suite, ce qui les fait jouer à 13 contre 15 ! Sur la pénalité qui suit, les Castrais décident de tenter : alors certes ils marquent trois points, mais à 15 contre 13 ils auraient décemment pu espérer marquer un essai en choisissant la mêlée ! Nouvelle erreur.

 clerc-evans.jpg

 

Au-delà de ces faits de match, la partie est très équilibrée, les deux défenses sont très bien organisés et les hommes très motivés, ne lâchant rien.

Et puis côté Toulousain, pas une occasion d’essai à se mettre sous la dent, mais ils ont très bien su gérer leurs temps forts et faibles. Sur leurs temps faibles ils ont su n’encaisser que quinze points au total, et notamment ces 16 minutes à cheval sur la mi-temps passées en infériorité numérique suite aux cartons jaunes de Florian Fritz et Timoci Matanavu ; ils ont même su remporter 6-3 cette période. Au retour des vestiaires, à 12-9 pour Toulouse les Castrais devaient scorer pour concrétiser leur supériorité numérique, ils ne l’ont pas fait… car les Toulousains leur ont subtilisé le ballon.

Et sur leurs temps forts, ils ont scoré à chacune de leur apparition dans le camp Castrais et même plus, puisque Luke McAlister réussit des pénalités lointaines. Et leurs buteurs justement, Lionel Beauxis et Luke McAlister, ont quant à eux réussi leur match avec un 7/8 au total, plus un drop du Français, pour porter le score finale à 24-15 pour les Rouges & Noirs.

Sans être meilleurs ni dominateurs, les Toulousains l’emportent grâce à leur expérience et leur maitrise des grands évènements, et leur capacité à mettre au fond leurs rares occasions !

 

Pour finir, on peut noter l’exceptionnelle prestation du capitaine castrais et ancien All Black Chris Masoe, qui a toujours fait avancer son équipe, et la bonne partie du pack en blanc, Tekori et Bonello pour faire lutter, et les deux flankers Caballero et Diarra pour plaquer-gratter. Côté toulousain, outre l’exceptionnelle partition de Luke McAlister, on notera l’assurance de Poitrenaud sous les chandelles, et la pression mise par le pack sur les Castrais, que ce soit avec ou sans ballon, William Servat et Louis Picamoles en tête.

 

Clermont-Toulon : la mauvaise partition auvergnate

Dans l’autre match qui a eu lieu dimanche après-midi, c’est la pluie qui reçoit le César du meilleur scénario… Reprenons le contexte : Clermont est souvent qualifié comme étant la meilleure équipe de France et peut-être d’Europe (derrière le Leinster) concernant le volume de jeu produit, le lien entre les lignes, ce que l’on appelle le rugby total. Son effectif n’évolue qu’à dose homéopathique chaque année, ce qui favorise ce liant. De son côté, Toulon est composé d’une armada de vieux guerriers, briscards et futés, mais le jeu est beaucoup plus fermé, lourd, fait de puissance et de défense.

Ce qui nous donne comme équation à résoudre : les Auvergnats vont vouloir envoyer du jeu, du jeu, et encore du jeu, pour déplacer le solide paquet d’avants toulonnais, les fatiguer, et ouvrir des espaces à ses fusées. Le RC Toulon va jouer la carte de l’occupation au pied, en bloquant les extérieurs pour éviter aux Jaunards d’utiliser leurs qualités. Du côté des compo, chacun joue avec son point fort : Clermont aligne une 3e-ligne très mobile, avec Julien Bonnaire entouré d'Alexandre Lapandry et Julien Bardy, en laissant le surpuissant Elvis Vermeulen sur le banc. Toulon, mets les vieux avec Sébastien Bruno au talonnage et le duo Simon Shaw – Bakkies Botha en 2e-ligne (37 ans de moyenne d’âge), tous trois en fer de lance du pack Rouge & Noir.

Autre inconnu : la forme de Jonny Wilkinson. Il est passé à côté de son match la semaine dernière en barrage face au Racing-Métro, avec 1/5 aux tirs aux buts. Mais la confiance de son staff et de ses coéquipiers était entière, au priemers rangs desquels le manager toulonnias Bernard Laporte et l’autre star mondiale et buteur du groupe, l’australien Matt Giteau. Même le Clermontois Morgan Parra ne se faisait pas de souci pour le taux de réussite de Wilko pour cette demi-finale.

 

Wilkinson-Giteau.jpg

 

Et c’est la pluie qui a réveillé les joueurs des deux équipes dimanche matin dans leur hôtel respectif… la pluie, le plus efficace des alliés pour le RCT  pour résoudre l’équation du bon côté !

Et au final, c’est bien tactiquement que Èrcété a remporté ce match. Pas la peine de détailler la première ou la seconde période, car le scénario du match est cousu du même fil tout du long : des Clermontois qui jouent, insistent au large, tentent du mettent du volume avec cette savonnette en guise de ballon, et Toulon qui défend et occupe le terrain.

Tout comme Toulouse dans l’autre match, Toulon a su virer en tête à la pause, courte de tête de trois malheureux point (9-6), mais en tête tout de même, ce qui obligea Clermont à courir après le score la peur au ventre toute la deuxième période.

 

 

Et c’est là que la différence se fait. Toulon a été drivé par un Jonny Wilkinson des grands jours, lui qui aime tant les demi-finales sous la pluie (remember Sydney 2003…). Lui et son compère Matt Giteau (voit photo) ont pesé par leur jeu au pied sur le match, en faisant inlassablement reculer les joueurs clermontois. Alors certes Brock James a su trouver quelques belles diagonales, mais les incursions de Clermont dans le camp toulonnais sont restées infructueuses. La rentrée du puissant Vermeulen à la place du malheureux Bardy (qui passe à côté de son sujet) n’y changera rien : Nathan Hines (trois à lui seul) et ses copains jaunards feront toujours l’en-avant de trop lorsque leur jeu de passes commençait à créer des brèches dans la défense toulonnaise. On ne leur jette pas la pierre d’avoir fait trop d’en-avant, leurs intentions de jeu étaient louables ; louables mais pas adéquates à la météo du jour à Toulouse !

Au final, les Clermontois reviennent à 12-12 juste avant la fin. Et de nouveau, sur leur dernier ballon, ils décident de jouer à la main plus qu’il n’en faut, dans leur camp, au lieu de jouer très loin au pied dans le camp Toulonnais, comme leur indiquait leur manager Vern Cotter d'un signe de la main. Et à trop vouloir jouer avec le feu, ils se sont brulés avec une pénalité supplémentaire, ce que Sir Jonny a transformé en trois points supplémentaires avec classe et aisance, pour sceller le score à 15-12 pour le RCT. Au passage, je tiens à préciser que cette pénalité sifflée contre Clermont pour un hors-jeu sur un coup de pied est très très limite. Pour moi Aurélien Rougerie part bien derrière le botteur, et remet tous ses coéquipiers en jeu par sa course, lui qui arrive le premier à la tombée du ballon. Alors que Boudjellal se la ferme avec sa paranoïa chronique sur l'arbitrage anti-Toulon ! Merci.

La dernière pénalité tentée et ratée par Morgan Parra sur la sirène est presque anecdotique, le fait est que Clermont a pris ce match par le mauvais bout et n’a pas su battre Toulon et la pluie, alliés de circonstance dimanche…

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